Oracle • Installation sonore • 6’20 • 2018
photographie Sarah Cantaloube
Surface • plâtre, styroglass, 165x50cm • 2019
L’ordalie par l’eau ou aqua frigida est une épreuve physique imposée aux femmes suspectées d’être sorcières au Moyen Âge. L’accusée était plongée dans une eau froide bénite (souvent une rivière). Si le corps coulait, c’est qu’il était « reçu » par l’eau bénite et donc était que l’accusée était innocente. En revanche, si le corps flottait, cela prouvait sa culpabilité. Cette épreuve était déjà appliquée en Mésopotamie où on l’appelait “jugement du fleuve”.
La figure de la noyée inspire également pitié et compassion et continue d’alimenter les mythes, diversifiée en oeuvres picturales et poèmes. Parmi les plus célèbre apparaît Ophélia dans la lignée des personnages de tragédie et l’inconnue de la Seine dont le moulage mortuaire a même été un ornement macabre à l’époque de sa découverte au début du XXe siècle.
Remplir les poumons, détendre les membres : J’ai concentré mon attention sur les parties émergentes d’un corps flottant. Le morcellement de ce dernier est organisé selon sa ligne de flottaison et engendre une figure gisante fantomatique.
3ein • plomb, cadre bois 20x20cm • 2018
Le mauvais oeil désigne à la fois le pouvoir qu’auraient certaines personnes envieuses et le sort subit par la personne enviée. C’est une croyance que l’on retrouve dans de nombreuses communautés, en lien avec des croyances païennes millénaires. Selon Boris Gershman dans son étude “The Economic Origins of the Evil Eye Belief”, le schéma type pour en comprendre les causes est le suivant :
*** Efforts > Revenus > Envie > Représailles > Résultat ***
Les pratiques pour annihiler le sort sont variés : Incantations, encens, prières, apposition des mains sur certaines zones du corps et, celle qui a inspiré mon travail, le plomb coulé.
Le rituel que je reproduis s’effectue en chauffant un morceau de plomb dans une cuillère pour ensuite verser le liquide obtenu dans une coupelle d’eau maintenue au-dessus de la tête de la personne ciblée.
Le plomb se fige alors et la forme qui en résulte est interprétée pour savoir si le rituel a été une réussite (si le mauvais oeil est “percé”) ou si l’on doit le répéter.
C’est une collecte de formes comme autant d’étapes avant la disparition du «mauvais oeil»

Mes installations sont souvent in-situ. Dans ce recoin presque grotte de l’ancien entrepôt de La Vallée (Saint Gilles, Belgique) pour l’exposition Cocktail (juillet 2017), j’inscris une phrase deux fois à l’envers issue du livre Le diable l’emporte. Obligés de s’approcher du mur pentu pour lire, de se pencher sur le miroir pour comprendre, le déplacement du spectateur est essentiel à l’installation mais aussi à sa compréhension. Sortir du terrain de la galerie, dans un espace qui ne semble pas en faire partie et entendre Barjavel annoncer sa vision du futur vivre-ensemble.
